#Podcast

Women in Finance | Fondatrice et CEO d’AAA – Adina Grigoriu

Avr 25, 2024
Caroline Béguin, Copywriter at Sopra Banking Software

La réglementation nous pousse vers l’Open Banking version assurance, donc nous nous sommes placés comme précurseur de cette Open Insurance. Nous optimisons les process des assureurs, des sociétés de gestion et des distributeurs à tous les niveaux avec notre plateforme digitale cloud et avec l’IA, pour permettre de travailler mieux avec plus de sécurité et de transparence.

Adina Grigoriu, CEO et Présidente d’Active Asset Allocation

Adina a derrière elle plus de 20 ans d’expérience dans le secteur de la finance, avec comme spécialisation l’allocation d’actifs. Elle a commencé sa carrière comme trader en produits structurés, avant de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. En 2010, elle cofonde AAA, une société d’ingénierie financière digitale qui conçoit des algorithmes d’investissement et des outils digitaux pour les secteurs de l’assurance, de la gestion d’actif, des investisseurs institutionnels… Dans ce podcast, nous découvrons sa personne et nous profitons, en même temps, de son expérience de cheffe d’entreprise et de femme dans le secteur financier.

Adina Grigoriu | Fondatrice et CEO de Active Asset Allocation
Adina Grigoriu, CEO et Présidente de Active Asset Allocation

Transcription du podcast

Leçons de carrière : Adaptabilité et climat de confiance pour l’innovation dans la finance+

Caroline : “FinHeads” est une série de podcasts qui met en lumière des femmes influentes dans le secteur de la finance. Ces femmes incarnent une vision, un parcours et une fonction uniques, et elles offrent une perspective différente sur la finance en partageant des anecdotes sur leurs expériences et leurs compétences professionnelles. Aujourd’hui, je suis en compagnie d’Adina Grigorio pour FinHeads. Adina, bonjour.

Alinda : Bonjour, Caroline.

Caroline : Adina, tu possèdes plus de 20 ans d’expérience dans le secteur de la finance. Tu es spécialiste de l’allocation d’actifs. Tu as commencé ta carrière en tant que trader en produits structurés avant de te lancer dans l’aventure entrepreneuriale. En 2010, tu as cofondé Active Asset Allocation, une société d’ingénierie financière digitale qui conçoit des algorithmes d’investissement et des outils digitaux pour les secteurs de l’assurance, de la gestion d’actifs et des investisseurs institutionnels. En prenant du recul sur cette expérience riche, quelle est la leçon la plus marquante que tu as apprise au fil des ans ?

Alinda : Il y a de nombreuses leçons, mais l’une des plus importantes, en dehors de la résilience nécessaire en entrepreneuriat, est l’adaptabilité. Dans un secteur qui englobe plusieurs domaines comme l’assurance, la gestion d’actifs et la distribution de produits financiers, tous en pleine évolution et effervescence, il est essentiel de savoir s’adapter constamment. Un autre aspect qui me tient à cœur est la nécessité de créer au sein de l’entreprise un climat de confiance propice à l’innovation pour assurer sa réussite.

Parcours de vie : Adaptation culturelle et motivation à s’engager dans la finance+

Caroline : C’est intéressant que tu parles de résilience et d’adaptabilité, car ce sont vraiment des compétences que tu as dû développer très jeune. À 13 ans, tu as quitté la Roumanie pour la France avec ta mère. Comment as-tu vécu ton adaptation à une nouvelle culture, à une nouvelle langue, en pleine adolescence ?

Alinda : Ce fut une période particulièrement difficile de ma vie. L’adolescence est déjà une étape délicate pour tout le monde. En plus, j’ai dû quitter mon pays, ma culture, mes amis et ma famille. Cela a été très compliqué. Cependant, en même temps, cette expérience a été extrêmement enrichissante. Cela m’a donné les bases de ce que je suis aujourd’hui.

Caroline : Donc, tu as fui le communisme. Est-ce ton expérience avec le communisme qui t’a orientée vers la finance ?

Alinda : Tout à fait. En 1989, le régime est tombé. L’impact financier sur de nombreuses personnes, y compris mes grands-parents, qui ont tout perdu du jour au lendemain, m’a profondément marqué. Cela m’a motivée à travailler dans le domaine de la finance, à comprendre ses rouages et à aider les gens à améliorer leur vie et à atteindre leurs objectifs financiers.

Passion pour l’impact : Motivation à créer une entreprise dans la finance+

Caroline : Pour résumer, tu as commencé ta carrière comme salariée. Puis, un jour, tu as décidé de prendre ton destin en main et de te lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Cela nécessite d’être passionnée. Qu’est-ce qui te passionne et pourquoi avoir créé ton entreprise ?

Alinda : Ce qui me passionne, c’est l’envie d’avoir un impact sur l’avenir financier des institutions et des gens. C’est tellement important pour moi que cela me motive chaque matin à me lever et à travailler dans ce sens. J’ai eu la chance de construire au fil des années une équipe formidable, et je travaille aussi bien pour eux que pour moi-même, mes enfants et mes clients. Cela est très gratifiant pour moi.

Philosophie de vie : L’importance de l’adaptabilité et de la résilience dans les défis professionnels+

Caroline : Tu mentionnes vouloir avoir un impact sur la vie des gens. L’impact que l’on a sur sa propre vie est aussi crucial pour toi, car tu considères que la vie est composée à 10% de ce qui nous arrive et à 90% de la manière dont nous réagissons. La vie, c’est vraiment une histoire d’impact. Comment cette philosophie résonne-t-elle dans ta propre expérience ? As-tu des exemples ?

Alinda : Oui, c’est vraiment ma philosophie de vie. J’ai découvert cette citation à un moment où j’ai revécu un choc culturel, car à 17 ans, après mon bac, je suis partie en Alaska pour poursuivre mes études. Je me suis retrouvée confrontée à un nouveau choc culturel, éloignée de ma famille, etc. Cette phrase m’a marquée et m’a servi de guide pendant toutes ces années. Par exemple, au début de ma carrière, j’ai travaillé sur un projet très important et tout semblait bien se dérouler. Mon prospect m’a appelé en me disant qu’il y avait un petit détail à régler et qu’il fallait faire une mise en concurrence. J’ai participé à la mise en concurrence, mais je n’ai pas remporté le contrat. C’était difficile à accepter. Cependant, par la suite, j’ai obtenu un autre contrat qui m’a apporté dix fois plus de satisfaction et de revenus que si j’avais remporté le premier. Parfois, on se bat pour un objectif, mais des événements imprévus se produisent et il faut s’adapter. Parfois, il vaut mieux ne pas atteindre son objectif initial.

Combattre pour réussir : Motivation à résoudre des problèmes complexes dans la finance+

Caroline : Un jour, tu as dit : « Aimer la nécessité de te battre tout le temps. » D’où vient cette force ? Quels sont tes combats ? Et est-ce que, selon toi, il faut se battre plus en finance qu’ailleurs ?

Alinda : J’ai toujours eu une véritable passion pour la résolution de problèmes complexes. Je me suis engagée dans les mathématiques lorsque j’étais jeune. En tant qu’entrepreneure, je suis constamment confrontée à des problèmes et à la recherche de solutions. La finance est un domaine particulièrement complexe en raison de sa nature, de la complexité des processus décisionnels dans les grandes entreprises qui sont mes clients, et de la férocité de la concurrence. Par conséquent, réussir à survivre et parfois à triompher dans ce domaine est extrêmement exaltant. Cela me motive à me lever chaque matin. Ce qui me passionne aussi, c’est l’impact que l’on peut avoir sur le bien-être financier des institutions et des personnes, ainsi que sur les personnes qui nous entourent. Créer une ambiance positive et innovante chez Active Asset Allocation est une source de bonheur pour moi au quotidien. : Ce qui est intéressant dans l’entrepreneuriat, c’est que l’entrepreneur touche à tout.

Créativité dans le naming : Signification des noms choisis pour les projets financiers+

Caroline : Les différents noms que tu as choisis pour tes projets, tels que Active Asset Allocation, Mes Pépettes Pilotées ou Kouanda, sont tous créatifs. Peux-tu nous expliquer l’origine de ces noms ?

Alinda : Merci, ces noms sont très importants pour moi car ils ont tous une signification particulière. Active Asset Allocation, c’est trois A, une référence à la meilleure notation financière triple A, un clin d’œil sympathique pour une entreprise dans le domaine financier. Mes Pépettes Pilotées est un projet visant à démocratiser la gestion pilotée, et j’ai choisi un nom moins institutionnel pour encourager les gens peu intéressés par la finance à s’y intéresser avec curiosité. Enfin, Kouanda est un hommage personnel à mes racines roumaines et à Henri Kouanda, un ingénieur aéronautique qui a notamment inventé le moteur à réaction et conçu des avions pour la France pendant la guerre. Son esprit innovant dans l’aviation est une source d’inspiration pour mon projet Kouanda dans le secteur financier.

Solutions personnalisées : Comment Active Asset Allocation aborde les besoins des investisseurs institutionnels et individuels+

Caroline : Adina, nous avons parlé de ton parcours général. Maintenant, j’aimerais en savoir plus sur ton expertise professionnelle. Tu es PDG et présidente d’Active Asset Allocation. Quel problème ton entreprise résout-elle ?

Alinda : Le problème initial était de proposer une solution sur mesure pour les investisseurs institutionnels. Il s’agissait de trouver un moyen d’atteindre l’objectif de pouvoir financer les retraites dans 30 ans. C’était l’idée de base. Nous avons évolué avec le marché et nous avons répondu à d’autres besoins, notamment la digitalisation qui nous a permis d’étendre notre champ d’action aux problématiques des individus. Grâce à la digitalisation, nous avons pu élargir nos services. Une autre problématique qui nous intéresse est l’optimisation des processus dans le secteur financier, ce que Kouanda nous permet d’aborder. Notre objectif final est d’apporter de la transparence financière jusqu’au consommateur, l’investisseur final. Nous nous efforçons de répondre à toutes ces problématiques.

Kouanda : Optimisation des processus financiers grâce à une plateforme digitale pour l’épargne+

Caroline : Tu mentionnais tout à l’heure Kouanda, une place de marché digitale pour l’épargne qui optimise les processus des acteurs de la finance. Peux-tu nous en dire davantage sur la manière dont Kouanda optimise leurs processus ?

Alinda : L’objectif était d’aider les trois acteurs majeurs du marché : les assureurs, les sociétés de gestion et les réseaux de distribution, à mieux collaborer pour répondre à leurs besoins respectifs et à mieux travailler ensemble. Lorsqu’on crée un produit de gestion pilotée, ces trois acteurs sont impliqués : l’assureur crée et gère le produit, le gestionnaire d’actifs choisit les unités de compte et les transmet à l’assureur, et le distributeur doit avoir accès aux informations sur les produits et proposer le meilleur produit à son client en fonction de ses objectifs. Ces acteurs sont très différents, et rien ne leur permet de travailler ensemble efficacement. Ils échangent souvent des courriels avec des pièces jointes, ce qui entraîne des pertes de valeur. De plus, la réglementation nous pousse vers une approche d’open banking appliquée à l’assurance. Nous nous positionnons ainsi comme précurseurs de cette open insurance. Avec notre plateforme digitale cloud utilisant l’intelligence artificielle, nous optimisons les processus de tous les acteurs, améliorons la transparence et maximisons l’efficacité à tous les niveaux.

Caroline : Quels sont les avantages de votre solution pour les acteurs de l’épargne ?

Alinda : Les avantages sont liés à une plateforme cloud sécurisée, qui offre une optimisation des processus et une amélioration de la conformité. Cela apporte transparence et accès immédiat à l’information. Là où auparavant un gestionnaire devait effectuer de multiples manipulations pour générer un reporting de performance, il peut désormais le faire en appuyant sur un bouton. Produire un EPT PRIPS, qui prenait auparavant des heures, est maintenant possible en quelques clics. Nous avons automatisé toute cette expertise et la transmission d’informations entre tous les acteurs, ce qui facilite leur travail et leur permet d’optimiser leur performance.

Défis d’Active Asset Allocation : Imposer sa présence sur le marché avec des ressources limitées+

Caroline : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ou que vous rencontrez encore aujourd’hui avec Active Asset Allocation ?

Alinda : Les défis sont présents au quotidien. La complexité réside dans le fait de pouvoir s’imposer comme un acteur majeur de ce marché sans disposer des ressources technologiques des grands groupes. Il s’agit de trouver et de fidéliser les talents, de financer l’innovation et de ne pas négliger les éléments les plus importants.

Vie professionnelle d’Adina Grigorio : Un quotidien varié et multitâche+

Caroline : Comment se déroule une journée type dans la vie d’Adina Grigorio ?

Alinda : Je n’ai pas vraiment de journée type, car j’exerce plusieurs métiers en même temps, notamment celui de dirigeante d’entreprise. Je joue également le rôle de commerciale et de représentante, participant à des conférences et des podcasts. Par ailleurs, je suis allocataire d’actifs. Mon travail consiste à rencontrer des clients, à développer de nouveaux produits, à réallouer les portefeuilles, etc. Il n’y a donc pas de journée type. Je suis constamment confrontée à une grande variété de tâches, allant des ressources humaines à l’optimisation financière complexe, en passant par des algorithmes d’intelligence artificielle. Cela me pousse à jongler entre différents sujets à chaque instant.

Adina Grigorio : Perspective sur la place des femmes dans la finance et l’inspiration de modèles+

Caroline : Adina, nous venons de parler de ton expertise professionnelle. Maintenant, j’aimerais en savoir un peu plus sur ta vision, en tant que femme, de la place des femmes dans le secteur de la finance. Pour commencer, j’aimerais savoir comment tu es entrée dans ce secteur très masculin.

Alinda : Cela s’est fait naturellement, guidée par ma passion pour la finance et les mathématiques. Je n’ai pas réfléchi au fait qu’il s’agissait d’un secteur dominé par les hommes. Au fil du temps, j’ai pris conscience de cette réalité. Par exemple, lors de mes études d’actuariat, nous étions trois femmes sur 17. En trading, nous étions également trois femmes sur 30. Dans l’asset management, la proportion était un peu meilleure. Puis, dans la fintech, il y a très peu de femmes. Mais honnêtement, je ne me suis jamais vraiment posé la question.

Caroline : Pourquoi, selon toi, y a-t-il si peu de femmes dans les fintechs ?

Alinda : La fintech combine deux secteurs traditionnellement masculins : la finance et la tech. Par conséquent, l’intersection de ces deux domaines conduit à un très faible nombre de femmes. Si l’on réfléchit plus globalement, la sous-représentation des femmes dans la finance est également liée à l’histoire. Par exemple, dans les années 60, les femmes avaient encore besoin d’une autorisation masculine pour ouvrir un compte bancaire. Nous partons de loin.

Caroline : Comment t’affirmes-tu dans ce milieu d’hommes ?

Alinda : Je le fais de manière assez naturelle, sans penser que je suis différente des hommes. Cela vient probablement de mon éducation. Mes parents, y compris ma mère, travaillaient, tout comme mes grands-parents. Autour de moi, toutes les mères de mes camarades d’enfance travaillaient également. Cela a inculqué en moi le modèle égalitaire, y compris en termes de genre. Je pense qu’en général, hommes et femmes s’affirment lorsqu’ils ont confiance en eux, lorsqu’ils osent et lorsqu’ils ont quelque chose à dire. Une autre influence de mon éducation a été que je n’ai jamais grandi avec des histoires de jeunes femmes attendant leur prince charmant, mais plutôt avec les livres de Jules Verne.

Caroline : Y a-t-il des choses qui t’ont freinée en tant que femme ?

Alinda : Oui, mes deux grossesses ont eu un impact sur ma carrière, surtout lorsque je travaillais dans la banque et l’asset management. À chaque grossesse, j’ai perdu mon poste. Cependant, j’ai transformé ces expériences en opportunités, et je n’ai pas perdu mon emploi, juste mon poste. La première fois, c’était difficile. Mais la deuxième fois, cela m’a donné le courage et l’envie de faire autre chose.

Caroline : Le fameux 10 % de ce qui nous arrive et 90 % de ce qu’on en fait. Exactement. Y a-t-il des modèles d’hommes ou de femmes qui t’ont inspirée ?

Alinda : Oui, il y en a plusieurs. Je pense en particulier à Steve Jobs, qui a révolutionné plusieurs pans de l’industrie. C’était un marketeur exceptionnel. Certes, ses méthodes managériales sont discutables, mais il a réussi à atteindre des résultats impressionnants qui ont marqué et continuent de marquer des générations entières.

Conseils pour les jeunes professionnels : Travailler dur, être curieux et oser+

Caroline : Quel conseil donnerais-tu à une jeune femme ou à un jeune homme en début de carrière ?

Alinda : Je conseille de travailler dur, de s’impliquer, d’être curieux et de se poser des questions. Il ne s’agit pas de remettre en question pour le simple fait de remettre en question, mais plutôt de se demander si ce qui est fait est la meilleure manière de le faire. C’est important d’oser, comme dirait Nike, “Just do it”.

Réflexions sur l’ambition : L’importance du chemin vers l’objectif final+

Caroline : Adina, nous arrivons à la fin de cet échange, et j’aime poser une question en conclusion de ces entretiens : qu’est-ce que l’ambition pour toi ?

Alinda : Pour moi, l’ambition, c’est trouver l’équilibre entre un objectif à atteindre, bien sûr, avec passion, et le chemin que l’on parcourt pour y parvenir. Ce chemin est au moins aussi important que l’objectif lui-même. C’est comme atteindre le sommet d’une montagne : le moment au sommet est bref, mais toute l’ascension, l’entraînement, les personnes qui vous ont aidé à arriver là sont les aspects les plus intéressants et enrichissants. Pour moi, l’ambition est d’abord quelque chose de collectif, que l’on partage et qui doit enrichir tout le monde en chemin.

Caroline : Est-ce que tu te considères comme une femme ambitieuse ?

Alinda : Oui, je suis très ambitieuse et pleine d’idées tout le temps.

Caroline : Merci beaucoup, Adina, d’avoir participé à “FinHeads”.

Alinda : Merci beaucoup, Caroline.