Dans mon rôle, je trouve qu’il est important d’avoir un devoir d’exemplarité. (…) On est très visible, particulièrement regardé en tant que dirigeant, et je pense que si nous n’insufflons pas cette volonté de support, on a très peu de chance que le reste des organisations se mette à l’écoute et au service de l’ensemble des personnes quelles que soient leurs origines, leur genre ou non genre. (…) Dans notre société, tout ce qui est inconnu est exclu, et cela n’est juste pas normal.
Eric Bierry – CEO de SBS (ex-Sopra Banking Software) (au sujet de son soutien pour l’inclusion des personnes LGBT+ au sein de SBS)
Plongez dans le quotidien professionnel d’Éric Bierry et découvrez la personne, le dirigeant et l’expert du marché des services financiers. CEO de SBS (ex-Sopra Banking Software), Eric Bierry partage avec nous 30 années de carrière dans le secteur bancaire. Au fil de cette conversation, Éric nous apporte son éclairage sur les sujets phares du secteur financier, tels que la géopolitique, l’IA, la cyber-sécurité ou encore l’avènement de l’open finance. Semé d’anecdotes et d’expériences professionnelles multi culturelles, son parcours est marqué par un fil conducteur : la relation de confiance tissée avec les clients.
Transcription du podcast
Parcours et Perspectives: À la Rencontre d’Eric Bierry+–
Caroline : Aujourd’hui, nous rencontrons Eric Bierry, CEO de SBS. Avec 30 ans de carrière dans le secteur bancaire, Eric va nous partager son parcours et son expertise. Bonjour Eric.
Eric Bierry : Bonjour Caroline.
Caroline : Bienvenue, merci d’être avec nous et de nous donner de ton temps. Alors, je viens de te présenter brièvement en introduction et j’aimerais qu’avec tes propres mots, tu nous en dises un peu plus sur ton parcours.
Eric Bierry : Juste en quelques minutes. J’ai démarré ma carrière professionnelle en 1995 dans le monde de l’IT après avoir obtenu un diplôme d’ingénieur. Il y a deux faits marquants dans mon parcours. Le premier, c’est que j’ai rejoint un groupe indien en 2007, Polaris, qui était une spin-off de Citibank India. Cette expérience a été vraiment riche et impactante car travailler dans le software chez un acteur indien était très formateur. Ensuite, en 2011, j’ai rejoint le groupe Sopra, à l’époque appelé Sopra Group, pour m’occuper du Benelux. Enfin, j’ai intégré la partie software, SBS (ex-Sopra Banking Software), à la fin de l’année 2016.
Caroline : Et quel est l’enseignement le plus marquant que tu retiens de ces années ?
Eric Bierry : Il y a évidemment beaucoup d’expériences et de faits marquants, mais il y a une chose qui ressort vraiment. Durant mon temps chez Polaris et dans l’ensemble de ma carrière, la relation client et la confiance qui s’établit avec les clients sont primordiales. J’ai la chance d’avoir encore dans mon réseau des clients que je connais depuis plus de 20 ans. Une vraie confiance s’est établie entre nous, et je pense que c’est cela l’élément le plus important de mon expérience.
Tournants et Révélations: Le Parcours d’un CEO+–
Caroline : Et alors aujourd’hui, tu es CEO d’une société de plus de 4500 personnes. Quel est le secret de ce parcours ? Est-ce qu’il y a eu un tournant marquant ?
Eric Bierry : Oui, il y a eu un tournant. J’étais chez Logica. Logica a été racheté par Unilog. Pour ceux qui étaient dans le métier dans les années 2005, cela leur parlera. Logica en France était un petit acteur, même si Logica l’anglais, devenu CGI aujourd’hui, était déjà un acteur très important. Quand Logica a racheté Unilog, Unilog était beaucoup plus gros. Certains d’entre nous n’ont pas vu un futur très rayonnant dans cette fusion. Peut-être que si cela arrivait aujourd’hui, je ne prendrais pas la même décision. Mais à l’époque, je ne me suis pas vu continuer et j’ai pris une décision très abrupte de quitter. Et de quitter sans rien.
Je me suis posé pendant deux ou trois jours en me disant : “Oh mince, je n’ai bientôt plus de travail.” J’ai fait la chose que je savais faire le mieux : je suis allé voir mes clients et je leur ai dit “je suis disponible et je pense que je peux vous aider dans vos stratégies d’externalisation, en particulier dans le monde bancaire”. À ma grande surprise, après deux semaines, non seulement je n’avais pas un seul client mais j’en avais quatre, et j’étais occupé à plus de 120%.
Cela a été quelque chose d’important pour moi dans cette expérience, car j’ai pris conscience, avec beaucoup d’humilité, que cette relation et cet impact avec les clients allaient être le fil conducteur de toute ma carrière. Et je crois que c’est encore le cas.
Énergie et Impact: Les Racines d’un Leader+–
Caroline : Et qu’est-ce que tu rêvais de faire quand tu étais enfant ? Est-ce que tu te voyais déjà CEO ?
Eric Bierry : Un truc de fou, évidemment. Non, pas du tout en fait. D’abord parce que c’est super abstrait pour un jeune. Quand j’en parle à un de mes fils, je crois qu’il n’a toujours pas compris ce que je fais à part le fait que je suis chef. Même, il y en a un qui est en business school aujourd’hui et pourtant ça reste encore une énigme pour lui. Non, je crois que j’avais une chose : je débordais d’énergie déjà et je crois que c’est important dans un job de CEO d’être plein d’énergie.
Chaque personne qui vous rencontre a l’impression de vous voir une seule fois dans l’année, alors que vous en voyez 10 ou 20 par jour. On est obligé de fournir cette énergie à chacun, à chaque rencontre, qu’elle soit à l’intérieur de l’entreprise ou à l’extérieur. Donc, j’avais cette énergie, j’en étais convaincu ou en tout cas ça se voyait pour mon entourage. Et puis, j’avais envie d’impacter, de voir le résultat de mes actions. Ça, c’est sûr que j’ai eu ça depuis tout petit. De là à rêver d’être CEO, je ne crois pas.
La Richesse de la Diversité+–
Caroline : Si tu pouvais choisir une chose que tes collaborateurs retiendraient de ton parcours de CEO, qu’est-ce que tu voudrais que ce soit ?
Eric Bierry : Au-delà de l’énergie dont on a beaucoup parlé, je crois que j’ai toujours cherché à insuffler un sentiment d’ouverture. L’équipe que j’ai reprise il y a quelques années était très française. Aujourd’hui, au sein de mon COMEX, nous ne sommes plus que deux à être français. Cette ouverture vis-à-vis de personnes qui viennent de plusieurs continents est un premier révélateur de stratégie inclusive.
Je pense que cette approche multiculturelle est essentielle, à la fois dans notre société au sens large, et pour nos entreprises qui sont au service d’autres entreprises, et donc indirectement au service des gens, de tous les gens. Ce positionnement inclusif et l’exemplarité que nous pouvons montrer vis-à-vis de cette approche inclusive sont super importants.
Beaucoup de mes collaborateurs sont parfois surpris par la façon dont je cherche à construire une équipe. Ce n’est pas forcément l’équipe qu’on aurait imaginée en suivant un manuel de management, parce qu’on doit travailler ensemble, être capable d’insuffler des choses nouvelles, et sortir du cadre. On a besoin de prendre l’avis et l’intelligence de personnes qui viennent de divers horizons, que ce soit d’un point de vue culturel, linguistique, ou même de genre, etc.
Actions Concrètes pour Favoriser l’Inclusion+–
Caroline : En parlant d’inclusion, l’année dernière, tu as participé aux initiatives de SSG Group sur le mois des Fiertés. Peux-tu nous parler de ce rôle que tu as accepté de prendre et qui est clé dans la promotion de l’inclusion des personnes LGBT+ au sein du groupe ?
Eric Bierry : Bien sûr. Cette initiative résonne particulièrement avec moi pour deux raisons. Tout d’abord, elle touche à mon histoire personnelle. Quand j’étais en école primaire chez les sœurs, mon meilleur ami, Fernando, était souvent exclu car il était en questionnement sur son genre. Être confronté à cela dès un jeune âge, environ 6 ou 7 ans, a suscité beaucoup d’interrogations chez moi. Évoluant dans un environnement où ce sujet n’était ni attendu ni expliqué, cela a été une expérience marquante.
En ce qui concerne mon rôle dans cette initiative, je crois fermement en un devoir d’exemplarité. En tant que dirigeant, nous sommes très visibles et observés, et il est crucial que nous incarnions cette volonté de soutien et de promotion de l’inclusion. Si nous ne le faisons pas, il est peu probable que le reste de l’organisation adopte une attitude respectueuse et inclusive envers toutes les personnes, quelle que soit leur origine, leur genre, ou leur identité.
Je considère donc ma participation comme une humble contribution visant à sensibiliser et à favoriser l’évolution des mentalités au sein de notre société.
Caroline : Et quels sont tes objectifs dans ce domaine ?
Eric Bierry : Au-delà de l’exemplarité, je vois quatre sujets cruciaux à aborder rapidement. Premièrement, il est essentiel de formaliser une politique claire en matière d’inclusion au sein de l’entreprise, que ce soit chez SBS ou au sein du groupe Sopra Steria. Ensuite, nous devons améliorer notre capacité à attirer des candidats en offrant une expérience inclusive dès le processus de recrutement, reflétant ainsi la diversité de la société dans laquelle nous évoluons. Troisièmement, nous devons assurer un soutien adéquat à nos collaborateurs, en tant que managers mais aussi en tant que sponsors, pour leur fournir un environnement propice à leur épanouissement professionnel, malgré les éventuelles difficultés qu’ils pourraient rencontrer en raison de leur identité. Enfin, je crois fermement en l’importance de la formation pour sensibiliser nos managers aux biais inconscients et les aider à adopter des comportements inclusifs au quotidien. En somme, je pense qu’il est essentiel de commencer par des actions simples et concrètes, en montrant l’exemple en tant que dirigeant, afin que l’ensemble des collaborateurs puisse s’impliquer dans ces initiatives et en tirer profit.
La Fusion SBS-Axway: Vision, Transition et Opportunités+–
Caroline : Pourrais-tu nous expliquer la vision qui a conduit à cette acquisition ?
Eric Bierry : Absolument. Tout d’abord, il s’agit d’une opération financière majeure. Nous avons été contraints de garder le secret jusqu’à l’annonce officielle, qui a créé une onde de choc dans notre industrie. Très peu de personnes avaient anticipé cette décision. Je pense qu’il est crucial de comprendre deux motivations fondamentales derrière ce projet. Premièrement, il s’agit d’une stratégie de réorganisation, avec un parcours social prévu jusqu’à mi-mai et une procédure de transaction qui devrait s’achever début juillet. La famille Pasquier, actionnaire principal contrôlant Axway, a également une influence significative sur Sopra Steria, ce qui a suscité des interrogations sur la stratégie de regrouper conseil, intégration et logiciels au sein de la même entreprise. Deuxièmement, il y a une raison industrielle à cette fusion. SBS est spécialisé dans la conception et l’exploitation de plateformes de traitement pour les banques, tandis qu’Axway excelle dans le transfert et la sécurité des données, notamment avec son produit phare, API Gateway. En combinant nos forces, nous visons à offrir une solution complète aux banques, répondant à leurs besoins en matière de gestion de processus métier et d’exploitation efficace des données, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle. En fournissant des données de qualité et des outils d’orchestration et de transfert sécurisé des données, nous sommes en train de développer une réponse industrielle aux défis futurs du secteur bancaire.
Caroline : D’accord, merci pour ces éclaircissements. Maintenant, ce qui demeure un peu flou, c’est la manière dont tout cela va se concrétiser. Que pourrais-tu dire à nos collaborateurs pour les rassurer ?
Eric Bierry : Tout d’abord, ce projet est le fruit de plusieurs mois de réflexion, entamée dès l’été 2023. Ce n’est pas une décision financière impulsive comme celles que l’on peut parfois observer sur le marché. L’actionnaire de référence demeure la famille Pasquier, dont la vision à long terme et la stabilité depuis les années 60 offrent une certaine assurance quant à la pérennité de l’entreprise. Ensuite, nous allons créer un nouveau groupe, qui ne portera ni le nom d’Axway ni celui de SBS, mais une nouvelle identité que nous dévoilerons prochainement. Ce groupe constituera la société cotée, avec deux entités distinctes : Axway, conservant sa marque pour ses logiciels techniques, et SBS, continuant à servir ses clients dans le secteur bancaire. Cette fusion est également une opportunité de croissance, avec la possibilité d’acquérir de nouvelles sociétés pour renforcer notre position sur le marché. En ce qui concerne la transition à partir de début juillet, peu de changements concrets sont à prévoir : les contrats et les équipes restent inchangés, mais nous apprendrons à collaborer et à accélérer notre développement. Enfin, cette évolution représente une source d’opportunités pour nos collaborateurs, avec la possibilité d’explorer de nouveaux marchés et de développer leurs compétences au sein d’une structure plus large et plus diversifiée. Mon rôle immédiat est donc de rassurer nos équipes en leur fournissant des informations transparentes et en mettant en lumière les opportunités offertes par cette fusion pour l’avenir de notre entreprise.
Analyse du Contexte Géopolitique et ses Implications pour les Banques+–
Caroline : Eric, après avoir abordé ton rôle en tant que CEO, je souhaite maintenant m’adresser à toi en tant qu’expert. Pour commencer, prenons un peu de recul. Si l’année 2023 a été plutôt positive pour les banques, il semble que 2024 soit sur une voie différente, avec un contexte géopolitique particulièrement tendu. Quelle est ton analyse de cette situation ?
Eric Bierry : En effet, il est difficile de faire des prévisions dans un contexte aussi incertain. Le climat géopolitique actuel est très complexe, et il est important de revenir aux fondamentaux pour comprendre les dynamiques en jeu. L’année précédente a été marquée par une augmentation des taux, ce qui a eu des répercussions variables selon les banques. Celles qui proposent des crédits à taux variable ont pu augmenter leurs marges, tandis que d’autres ont vu leur marge se contracter en raison de prêts à taux fixe. Cela crée une apparence d’euphorie générale, mais il est crucial de se rappeler le rôle essentiel des banques dans nos sociétés. Le Covid-19 a mis en lumière cette importance, avec les gouvernements, les entreprises et les particuliers se tournant vers les banques pour des mesures d’urgence et de soutien financier. À long terme, le rôle de la banque est d’accompagner les individus et les entreprises dans les moments clés de leur vie, en leur fournissant des services financiers adaptés. Cependant, dans un contexte géopolitique instable, les banques doivent faire face à des défis supplémentaires. Les décisions prises aujourd’hui peuvent avoir des répercussions sur les années à venir, et les banques doivent évaluer les risques avec prudence. Les tensions géopolitiques peuvent affecter la profitabilité des banques, les incitant à être plus prudentes dans leurs activités. Cela peut se traduire par une réduction des investissements et une moindre disponibilité de crédit, ce qui impacte l’économie dans son ensemble. En résumé, nous devons rester vigilants face à ces défis et prendre des mesures pour maintenir la stabilité financière dans un environnement en évolution constante.
Importance de la Confiance dans les Relations Bancaires+–
Caroline : Alors, cela va certainement impacter la confiance que les consommateurs ont envers leurs banques, n’est-ce pas ?
Eric Bierry : En effet, c’est une excellente question, et la réponse est plus complexe qu’il n’y paraît. Nous avons réalisé une étude, un DBX, où nous avons interrogé 10 000 utilisateurs de banques en 2023, avec le soutien d’Ipsos. À ma grande surprise, plus de 80 % des répondants ont cité la confiance comme étant l’aspect le plus important pour eux. Cette confiance repose sur deux éléments principaux qui peuvent avoir un impact différent selon la situation de vie de chaque individu. Tout d’abord, il y a la confiance dans la capacité de la banque à soutenir les projets des clients. Par exemple, si vous avez un projet et que vous faites confiance à votre banque pour le financer, vous vous attendez à ce qu’elle vous accompagne dans sa réalisation. Cependant, en 2023, avec la hausse des taux, il y a eu une diminution significative des prêts immobiliers en France, ce qui a pu entraîner une perte de confiance pour certains clients qui n’ont pas pu voir leurs projets aboutir. Ensuite, il y a un aspect plus fondamental de la confiance, lié à la protection des données personnelles. Les clients attendent de leur banque qu’elle garantisse la confidentialité et la sécurité de leurs informations. C’est un élément essentiel qui contribue à établir et à maintenir la confiance. En fin de compte, la confiance repose sur la certitude que vos économies seront en sécurité et disponibles lorsque vous en aurez besoin. Dans de nombreux pays, la faillite d’une banque peut entraîner la perte des économies des clients. Par conséquent, la confiance dans la capacité de la banque à protéger les fonds des clients est cruciale. En résumé, la confiance est au cœur de la relation entre les clients et les banques, et elle est étroitement liée à la protection des données personnelles et à la sécurité financière des clients.
Défis et Solutions dans la Cybersécurité Bancaire+–
Caroline : Effectivement, la cybersécurité est une préoccupation majeure pour les individus et les entreprises, et je suppose que pour les banques, l’enjeu est encore plus important. On a l’impression que les menaces de piratage évoluent plus rapidement que les moyens de s’en prémunir. Quelles sont les mesures que les banques peuvent prendre à cet égard ?
Eric Bierry : Tout d’abord, les banques ont déjà réalisé d’importants investissements dans la cybersécurité depuis un certain temps. En tant que groupe Sopra Steria, nous le savons bien, car notre branche spécialisée dans la cybersécurité est très active et reconnue sur le marché. La pandémie de Covid-19 a accéléré la digitalisation des services bancaires, et nous attendons tous une interaction immédiate et fluide avec notre banque au quotidien, ce qui accroît les risques de failles de sécurité, notamment dans les paiements digitaux. Il est important de reconnaître que dans 9 cas sur 10, les incidents de cybersécurité sont causés par des erreurs humaines. C’est pourquoi nous voyons tant de messages de sensibilisation du gouvernement et des banques concernant les e-mails frauduleux et la protection des données personnelles. Il est essentiel de bien informer et former le personnel ainsi que les clients sur les bonnes pratiques en matière de sécurité. Cependant, il n’existe pas de solution miracle. Le monde du cybercrime dispose de ressources financières considérables, ce qui lui permet d’investir dans des technologies sophistiquées pour mener des attaques de plus en plus complexes. Les banques doivent donc rester vigilantes, continuer à investir dans la cybersécurité et sensibiliser leur personnel et leurs clients. La technologie peut aider, mais la vigilance reste notre meilleure défense contre les menaces cybernétiques.
Caroline : Y a-t-il d’autres moyens de protection que vous envisagez ?
Eric Bierry : Absolument. L’ouverture croissante des banques est un sujet très discuté, notamment avec l’émergence de l’open finance. Cette ouverture vise à répondre à notre besoin d’instantanéité, ce qui crée un cercle vicieux. Nous, en tant que consommateurs, voulons des services plus rapides, ce qui nécessite une ouverture accrue des systèmes. Cependant, cette ouverture accroît également les risques liés aux failles de sécurité. Par conséquent, les banques doivent investir davantage dans la protection de ces failles. Réduire notre demande d’instantanéité n’est pas une solution envisageable, car c’est une évolution naturelle de la société à laquelle nous sommes confrontés. Je crois que nous sommes tous responsables de cette demande d’instantanéité. Aujourd’hui, les banques doivent continuer à investir dans la cybersécurité, ce qu’elles font déjà. Elles sont conscientes que la confiance se perd rapidement et qu’il faut du temps pour la regagner. Elles disposent d’organisations attentives à ces enjeux. De plus, la réglementation, comme la DORA, exige une meilleure maîtrise de tous les tiers impliqués dans la chaîne d’approvisionnement technologique des banques. Cela oblige les banques à suivre de près tous les composants de leurs systèmes pour garantir leur sécurité. Cependant, il est difficile de prédire quelles nouvelles formes d’attaques émergeront à l’avenir. Il est donc crucial de rester vigilant, et tous les acteurs de l’écosystème, y compris les consommateurs, ont un rôle à jouer dans la protection de la cybersécurité.
Comprendre l’Open Finance: Connexion des Acteurs Financiers+–
Caroline : J’ai l’impression que l’open finance est un concept assez bien compris par l’industrie, mais moins par les utilisateurs finaux comme moi. Pourrais-tu expliquer en quoi l’open finance est le futur de la finance ?
Eric Bierry : Bien sûr, je vais vous donner une explication simple. L’open finance consiste essentiellement à connecter tous les acteurs financiers entre eux.
Caroline : C’est clair.
Eric Bierry : En termes plus sérieux, l’open finance permet à une institution financière, avec votre consentement, d’accéder à l’ensemble de vos ressources financières. Par exemple, si vous êtes client de la banque A, mais que vous avez également des comptes d’épargne chez B et un prêt chez C, l’open finance permet à la banque A d’avoir une vue d’ensemble de toutes vos finances. Et bien sûr, si vous donnez votre consentement à la banque A, vous avez également donné votre consentement à la banque B et à d’autres institutions dans l’autre sens. Au début, l’open finance était perçu comme une simple réglementation visant à protéger les institutions financières des fintechs et des géants de la tech qui cherchaient à entrer dans le secteur bancaire. Mais cela a évolué avec le temps. Imaginez que vous souhaitez louer un scooter électrique à Paris sans avoir à fournir une multitude de documents. Avec l’open finance, vous pourriez simplement donner accès à l’ensemble de vos données financières à l’entreprise de location, qui pourrait ensuite prendre une décision rapide sur votre demande de location. En bref, l’open finance permet des transactions plus rapides et des décisions plus efficaces en utilisant les données financières des utilisateurs. Cela réduit la paperasse et accélère le processus de prise de décision dans des situations telles que la location d’un scooter électrique.
L’IA: Impact Rapide et Transformateur+–
Caroline : En tant que CEO, comment intègres-tu l’intelligence artificielle à ta stratégie et quels sont les changements que cela entraîne ?
Eric Bierry : Intégrer l’intelligence artificielle à notre stratégie a été une démarche fascinante. Une chose est sûre, l’impact de l’intelligence artificielle est bien plus rapide que celui d’Internet ou du cloud. Pour répondre à votre question, plutôt que de parler des changements pour les banques, je préfère discuter de ce que cela implique pour moi en tant que dirigeant d’entreprise. Nous nous sommes posé plusieurs questions, notamment sur notre capacité à développer plus rapidement et avec une meilleure qualité nos produits, ou encore à fournir un service client plus efficace, disponible 24h/24 et 7j/7 dans toutes les langues. J’ai même réalisé une expérimentation amusante avec l’aide de personnes plus compétentes que moi en IA. J’ai utilisé le machine learning pour automatiser la génération de rapports hebdomadaires à partir des rapports de mes collaborateurs. Cela m’a permis d’économiser du temps et de réduire les risques d’erreurs humaines. Nous avons également intégré l’IA dans nos processus de développement logiciel, ce qui nous a permis d’améliorer la documentation, l’automatisation des tests et la prédictibilité de nos projets. Nous avons constaté que les gains en efficacité ne se limitaient pas à la vitesse de développement, mais aussi à la qualité et à la prédictibilité de nos livrables. Nous expérimentons également l’utilisation de l’IA dans notre support client, avec des résultats prometteurs. En résumé, l’IA nous permet de concentrer nos efforts là où ils ont le plus de valeur ajoutée et d’améliorer nos processus à tous les niveaux de l’entreprise.
Caroline : Merci beaucoup, Eric, pour cet échange enrichissant.
Eric Bierry : C’était un plaisir, merci à toi.