#Transformation numérique

L’état des lieux des banques en ligne en Europe en 2022  

Nov 25, 2022 - 5 min read
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Mathias Mercier, Head of Market Intelligence at Sopra Banking Software

Selon l’observatoire de la maturité digitale des banques réalisé par IPSOS, près de 4 clients sur 10 utilisent une banque en ligne. L’appétence pour ces établissements financiers – qui diffèrent des banques traditionnelles par leur fonctionnement et leur offre de services – croît d’année en année. En Europe, 29% des personnes bancarisées sont clientes à la fois d’une banque traditionnelle et d’une banque en ligne, et 5% d’entre elles sont exclusivement clientes d’une banque en ligne. Pour quelles raisons ces nouveaux acteurs ont-ils du succès ? Auprès de qui ? Quels sont leurs objectifs et à quels défis doivent-ils faire face ? Et enfin, quelle doit être la réponse des banques traditionnelles face à ces structures qui menacent leurs parts de marché ? 

Qu’est-ce qu’une banque en ligne ?  

Les banques en lignes diffèrent des banques traditionnelles en ce qu’elles ne disposent pas d’agences bancaires physiques. Actives uniquement sur le web, elles sont accessibles via des sites internet ou applications mobiles. Elles permettent d’effectuer un grand nombre d’opérations proposées par les banques classiques : ouvrir et gérer des comptes bancaires en ligne, faire des virements et des paiements, consulter son solde et ses opérations… Elles peuvent être des filiales de banques classiques, ou des entités complètement indépendantes.  

Un fort engouement pour ces challengers, qui se confirme d’année en année

Une offre séduisante 

Les banques en ligne ont pour ambition de révolutionner l’expérience utilisateur en raccourcissant les délais et en s’adaptant aux nouveaux modes de consommation. Elles ont des arguments de poids pour séduire les clients : des prix attractifs, une souscription et une utilisation facilitées, des ouvertures de comptes immédiates, des frais de carte bancaire limités à l’étranger, des offres découvertes et parrainages avantageux, ainsi que de nouveaux produits et services digitaux. Leurs services sont souvent gratuits, quand les frais bancaires facturés par une banque traditionnelle s’élèvent en moyenne à 200€/an. 

Des clients plus actifs 

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le public se soit emparé de ces offres avec enthousiasme. Le rapport Ipsos souligne qu’en Europe, leurs clients sont plus actifs, plus jeunes et plus connectés que ceux des banques traditionnelles : 66% de leurs utilisateurs ont moins de 50 ans, et 46% ont moins de 35 ans. Ils investissent davantage dans les cryptomonnaies (21% contre 11% des clients des banques traditionnelles) et consultent également beaucoup leurs comptes en ligne : 37% y jettent un œil au moins une fois par jour. On observe que les clients qui cumulent banque en ligne et banque traditionnelle sont les plus connectés : 45% investissent dans les cryptomonnaies, 46% sont sensibles à l’écologie et 43% consultent quotidiennement leurs comptes. 

En Europe, leurs clients sont plus actifs, plus jeunes et plus connectés que ceux des banques traditionnelles : 66% de leurs utilisateurs ont moins de 50 ans, et 46% ont moins de 35 ans.

Un succès mondial 

Enfin, leur succès ne s’observe pas qu’en Europe : bien au contraire, les banques en ligne séduisent dans le monde entier. Aux Etats-Unis, 8% des clients n’utilisent qu’une banque en ligne, et 38% d’entre eux cumulent banque en ligne et banque traditionnelle. 

Passer de banque secondaire à banque principale : l’objectif des banques en ligne

Élargir leur offre bancaire

Certaines banques en ligne ne sont pas adossées à un réseau physique et ne permettent pas le dépôt de chèques et d’espèces. Toutes n’offrent pas les mêmes garanties à leurs utilisateurs que les banques traditionnelles, et ne proposent pas autant de crédits, de prêts ou d’assurances. En conséquence, à l’heure actuelle, seul un gros tiers des clients se servent en priorité de leur néo-banque. Elles doivent donc élargir leur éventail d’offres pour rester en phase avec les attentes des clients. 

Pérenniser le modèle économique 

Autre condition de leur succès : elles doivent inspirer la confiance. Pour l’instant, les banques en ligne misent sur la transparence de leurs informations de tarifications, quand les banques se différencient en conservant un indice de confiance élevé auprès de leurs clients. Il faudra aussi qu’elles parviennent à équilibrer leur modèle économique en proposant des services à valeur ajoutée, car une partie de leurs revenus disparaît actuellement dans les offres de bienvenue et un marketing agressif pour attirer davantage de clientèle. Elles pourront ensuite continuer à conquérir de nouveaux marchés en France et à l’international. 

Certains défis les fragilisent encore 

La cyberattaque qui a visé Revolut en septembre 2022 ou le blocage de certains comptes chez N26 dans le cadre de la lutte contre la fraude ne sont que deux exemples qui montrent que les banques en ligne ne sont pas encore prêtes à rivaliser avec les établissements traditionnels, notamment sur les questions de cybersécurité : un quart des consommateurs se disent prêts à payer davantage pour assurer la sécurité de leurs données (source : DBX). Elles doivent également se conformer aux régulations, innover, renforcer la sécurité des données, rassurer sur la désintermédiation… 

Innover dans les technologies et stratégies 

Les banques en lignes doivent prendre en compte les nouvelles préoccupations des clients, comme la protection de l’environnement à un moment où 55% des clients affirment qu’il s’agit d’une problématique plus importante que la rentabilité des investissements. L’intérêt croissant pour les cryptomonnaies doit également trouver sa place dans leur offre, car 30% des clients voudraient que leur banque soit un intermédiaire dans l’investissement en cryptomonnaies. Il faut également s’attaquer aux fraudes et à la cybersécurité, en plus d’être à la pointe en termes d’open banking et d’open finance. Si elles veulent gagner en parts de marché et en notoriété, les banques en lignes devront renforcer leurs synergies avec les différents partenaires de l’écosystème bancaire, accélérer leur digitalisation, améliorer leur gestion du risque et établir des stratégies pour les cryptomonnaies. 

55 % des clients affirment que la protection de l’environnement est une problématique plus importante que la rentabilité des investissements, 30% voudraient que leur banque soit un intermédiaire dans l’investissement en cryptomonnaies.

Les banques traditionnelles, forcées de réagir pour consolider leur position

Avec de nouvelles offres 

Certaines enseignes historiques ont déjà lancé leur propre offre de banques en ligne, comme Boursorama et Kapsul (deux filiales du groupe Société Générale), Hellobank! (adossée à BNP Paris), ou Fortuneo (entité du Crédit Mutuel). Ces banques en ligne permettent aux structures traditionnelles de répondre à un marché changeant sans mettre en danger leur organisation historique, d’améliorer l’expérience client et de profiter de ce statut fluide pour encourager l’innovation et le développement de nouveaux services, tout gagnant des parts de marché. 

En se réinventant 

Plus qu’une menace pour les acteurs traditionnels du secteur financier, les banques en ligne sont donc une véritable opportunité de se renouveler. Les banques traditionnelles ont dû réagir et s’adapter à ces nouveaux venus, tout en complétant et modernisant leur offre de services. Il leur reste maintenant à observer les évolutions de ce secteur en constante mutation pour s’inspirer des nouveaux développements, et devenir à leur tour plus compétitives pour conserver de l’avance en tant que banques principales.