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L’essor des paiements électroniques en Afrique

Mar 10, 2023 - 5 min read
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Auguste Bertrand, Managing Director West, Central & East Africa at Sopra Banking Software
Martial Nguepi Mefolagah, Consultant Système Banque at Sopra Banking Software
  • Les revenus des paiements électroniques en Afrique devraient augmenter d’environ 20% par an, pour atteindre 40 milliards de dollars d’ici à 2025.
  • 50% des banques africaines ont confirmé qu’elles injectaient déjà des fonds dans la blockchain, le BNPL et la modernisation de l’infrastructure. 46% prévoient d’investir dans ces solutions dans les 12 à 24 prochains mois.

Les banques africaines investissent ou prévoient d’investir dans les solutions de paiement : les investissements immédiats se concentrent sur la blockchain, le service de paiement en plusieurs versements « buy now pay later » (BNPL), et la modernisation des infrastructures. C’est ce que révèle une étude sur la stratégie future des banques africaines conduite auprès de 128 décideurs de banques africaines, par Forrester Consulting en partenariat avec Sopra Banking Software.

En Afrique où le « cash » est roi, quels facteurs poussent les banques à investir dans les paiements électroniques ? Quelles opportunités représentent ces 3 solutions de paiement ? Quelle conséquence pour le futur des banques africaines ?

Les paiements électroniques gagnent du terrain

En Afrique, 90% des transactions se font en espèces. Pourtant, la suprématie du « cash » est sur le point d’être challengée à mesure que les paiements électroniques gagnent du terrain.

La promesse d’une forte croissance

Grâce à l’avancée des technologies et des innovations, de nouvelles solutions de paiement voient le jour. Ces dernières ont ouvert aux banques de nouveaux segments de marché tels que le marché des paiements hors-ligne et l’accès aux services financiers pour les populations non financiarisées.

Par ailleurs, selon une étude de McKinsey, les revenus des paiements électroniques en Afrique pourraient générer 40 milliards de dollars d’ici à 2025. Investir dans les paiements électroniques permettrait aux banques de faire partie des grands bénéficiaires de la croissance rapide de ce nouveau segment.

-Graph : Selon une étude de McKinsey, les revenus des paiements électroniques en Afrique devraient augmenter d'environ 20% par an, pour atteindre 40 milliards de dollars d'ici 2025.

L’arrivée de nouveaux acteurs

Si les banques jouent toujours un rôle de premier plan dans les paiements, de nouveaux acteurs non bancaires se positionnent désormais sur ce marché.

Ainsi, à l’instar des banques, les fintechs, les géants du web et les entreprises de télécommunication souhaitent également tirer parti de la forte croissance à venir. Ils se sont donc lancés dans une course à l’innovation comme les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) et les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) qui proposent des services financiers. À titre d’exemple, Amazon Pay, Apple Pay, Alipay and WeChat Pay (de Tencent).

Des acteurs prudentiels (GIMAC, GIM UEMOA, etc.) contribuent également à la forte croissance de l’e-paiement, et à sa transformation, en assurant une meilleure régulation et interopérabilité des transactions au moyen de :

  • Cadre normatif,
  • Gestion des litiges ou des réclamations,
  • Renforcement du KYC,
  • Évolution du reporting règlementaire,
  • Monitoring centralisé des flux transactionnels,
  • Gestion des risques et de la fraude.

Les banques investissent dans les e-paiements

Afin de garder leur rôle et position, les banques investissent à leur tour dans de nouvelles solutions de paiement. En effet, selon Forrester Consulting 50% des participants ont confirmé qu’ils investissent déjà dans la blockchain, le BNPL, et la modernisation des infrastructures. De plus, 46% des autres participants prévoient également d’investir dans ces mêmes solutions de paiement d’ici 12 à 24 mois.

Graph: Selon Forrester Consulting, 50% des participants ont confirmé qu’ils investissent déjà dans la blockchain, le BNPL, et la modernisation des infrastructures. 46% prévoient également d’investir dans ces mêmes solutions de paiement d’ici 12 à 24 mois.

Les e-paiements facilitent les paiements et les transferts

En investissant dans les e-paiements, les banques africaines ont non seulement l’opportunité de rendre les systèmes de paiement plus performants mais aussi d’encourager l’inclusion financière en Afrique et de renforcer leur compétitivité.

Investir dans la blockchain

La blockchain s’est développée indépendamment des cryptomonnaies. Elle séduit aujourd’hui les banques africaines qui investissent dans la technologie afin de démocratiser son usage.

Tirer parti de la blockchain permettrait aux banques de renforcer leur compétitivité, en accélérant le processus des transferts internationaux à coût réduit, en assurant la sécurité des transactions, et en favorisant l’inclusion financière en offrant une alternative aux personnes n’ayant pas accès aux services financiers traditionnels.

Investir dans la modernisation des infrastructures

De leur côté, les systèmes de paiement instantanés et inclusifs peuvent jouer un rôle central dans l’offre d’un accès universel aux services financiers à tous les Africains.

L’essor des transactions mobiles a été l’un des principaux moteurs de l’expansion du secteur des services financiers au cours des dernières années (Global Findex 2022, Banque mondiale).

L’étude menée par la commission économique des nations de l’Afrique (CEA) en novembre 2022 sur l’écosystème des systèmes de paiements révèle que plus de 60 % des SPI actifs ont moins de cinq ans et sont en cours d’expansion. Cette dynamique met en évidence l’élan décisif et l’importance accordée à l’infrastructure des paiements numériques par les institutions publiques et privées.

Investir dans les services BNPL

Afin de rendre les systèmes de paiement plus performants, les banques africaines renforcent leurs infrastructures avec de nouveaux instruments de paiement. Ainsi sont apparus les services de paiement en plusieurs échéances. Et bien que les services BNPL soient encore un marché en évolution, plusieurs opportunités peuvent intéresser les banques qui souhaitent renforcer leur compétitivité :

  • Attirer de nouveaux clients en offrant une solution de paiement souple et innovante pour des achats importants.
  • Augmenter ses revenus en facturant des intérêts et des frais pour l’utilisation du service.
  • Stimuler la croissance du marché en encourageant les consommateurs à consommer davantage.

Le développement des e-paiements force les banques à évoluer

Si le développement des paiements électroniques offre aux banques africaines des opportunités de croissance, il oblige toutefois les banques à repenser leur modèle économique et leur façon d’apporter de la valeur à leurs clients.

Vers une interopérabilité des paiements

Développer l’interopérabilité des paiements devient crucial pour les banques africaines afin de permettre aux utilisateurs de transmettre et de recevoir des fonds sans restriction. Pour ce faire, les banques peuvent :

  • Développer des plateformes de paiement interbancaires,
  • Créer des partenariats avec les fintechs,
  • Adhérer aux initiatives de paiements régionales,
  • Recourir à la technologie blockchain.

Vers une refonte profonde des organisations

Les banques devront mettre en place un plan stratégique de transformation digitale (base du e-paiement) afin d’anticiper leur positionnement sur les trois prochaines années. Ceci leur permettra de ne pas subir la stratégie des géants du Telco du paiement.

Ainsi le digital est une opportunité qui demande aux organisations des banques de se repenser. En effet, les banques doivent désormais collaborer avec des éco-systèmes multiples et ne peuvent plus opérer seules. Les modèles économiques sont collaboratifs via le développement de partenariats avec des fintechs et des sociétés informatiques ou d’autres écosystèmes.

Paiements électroniques et expérience client

Les banques africaines investissent dans les e-paiements qui transforment la manière dont elles apportent de la valeur. En outre, les modèles de collaboration gagnent en popularité et modifient la définition de la banque en offrant des possibilités de croissance et de revenus grâce aux interfaces de programmation d’applications (API) et à la finance embarquée.

Mais pour assurer l’avenir d’une approche centrée sur l’écosystème, les banques doivent également développer des parcours numériques personnalisés, transparents et fiables qui répondent aux besoins évolutifs des clients. C’est d’autant plus important que, dans la course aux 40 milliards de dollars attendus, de nouveaux concurrents sont entrés.

Dans un monde où les consommateurs ont un large choix entre les banques, les fintechs, les sociétés de télécommunications et les géants de la tech, se concentrer sur l’expérience client pourrait-il devenir un facteur clé de différenciation ?