Au début de l’année 2022, un sentiment général d’optimisme régnait quant au retour à la croissance du marché automobile européen, après quelques années difficiles, dont la pandémie et ses effets ultérieurs, ainsi qu’une pénurie mondiale de puces électroniques l’année dernière.

Cependant, 2022 s’est avérée être une autre année difficile pour de nombreuses industries, y compris l’automobile. La guerre tragique qui se poursuit en Ukraine crée une série de problèmes pour les organisations de toute l’Europe, et elle a un impact important sur les ventes de voitures neuves.

Inflation record

Dans le contexte de la guerre, les marchés européens des voitures neuves, qui avaient affiché une hausse d’activité bien nécessaire, les chaînes d’approvisionnement s’étant attaquées à la pénurie de semi-conducteurs qui avait fortement affecté l’offre, se sont contractés en février.

Dans l’ensemble de l’Union européenne, les immatriculations de voitures neuves ont reculé de -6,7 %, avec 719 465 unités vendues dans l’UE. Il s’agit de la plus faible performance de février en termes de volume depuis le début des statistiques. Les quatre marchés clés de la région ont affiché des résultats mitigés. L’Italie et la France ont enregistré des pertes à deux chiffres (respectivement -22,6 % et -13 %), tandis que l’Espagne et l’Allemagne ont connu une croissance (respectivement +6,6 % et +3,2 %).

Les longs délais pour commander la plupart des nouvelles voitures étant devenus la norme au cours des 18 derniers mois, on craint que la situation ne s’aggrave en raison de l’accélération rapide du coût de la vie. Dans toute l’Europe, l’inflation a atteint un nouveau record de 7,5 % au cours de l’année qui s’est terminée en mars, soit la plus forte augmentation depuis le lancement de l’euro il y a plus de vingt ans.

Une baisse de la confiance des clients

La hausse de l’inflation et la guerre en cours risquent d’entamer la confiance des consommateurs. Et cela est vrai pour la plupart des industries et des secteurs, pas seulement pour l’automobile. Des recherches menées par la Commission européenne montrent que la confiance des consommateurs pourrait atteindre son point le plus bas en deux ans, les pays d’Europe occidentale étant les plus durement touchés.

Cela aura également une incidence sur les niveaux de revenu disponible, et donc sur le montant que les gens sont prêts à dépenser pour des articles coûteux, tels que des voitures neuves. Les concessionnaires automobiles nous signalent déjà une « baisse de fréquentation ». Il reste à voir si cette baisse se poursuit ou disparaît, mais elle est troublante pour les ventes de voitures neuves pour 2022.

En outre, ces mêmes facteurs qui affectent la confiance des clients vont également toucher les chaînes d’approvisionnement automobile en difficulté. Un nouveau coup porté aux délais de livraison semble inévitable, tout comme la possibilité d’une hausse des prix.

Cette combinaison de facteurs pourrait créer une tempête parfaite, empêchant la vente de nouvelles voitures dans un avenir prévisible.

Sanctions économiques et constructeurs

En raison des sanctions économiques, de nombreux constructeurs, dont Ford, BMW, Mitsubishi, Mazda, Toyota, Hyundai, Nissan et Mercedes, ont suspendu la production de véhicules en Russie. Toutefois, c’est la réduction de la production signalée par un grand nombre de fabricants dans le monde entier en raison de la pénurie de composants qui constitue le dernier défi mondial à relever.

Ford, BMW, Mitsubishi, Mazda, Toyota, Hyundai, Nissan and Mercedes

L’incapacité des constructeurs automobiles à importer des matières premières de Russie a un impact sur la production automobile. Le gaz, le pétrole et les métaux, notamment l’aluminium, le palladium et le nickel – un composant essentiel des batteries des véhicules électriques – ne sont que quelques-uns des éléments que les fabricants ne peuvent désormais plus importer de Russie.

Les prix de ces matières premières et d’autres ont grimpé en flèche, et la réalité est que cela se répercutera sous la forme d’une hausse des coûts des nouvelles voitures dans les mois à venir.

Gains à court terme. Problèmes à long terme

Malgré les tendances potentielles à l’inflation, à la hausse des prix des carburants, de l’énergie et, en fin de compte, des véhicules, les ventes de voitures neuves semblent devoir gagner du terrain à court terme en raison des commandes de longue date déjà en place.

Toutefois, tous les facteurs mentionnés dans cet article finiront par rattraper le marché, et nous assisterons probablement à une baisse des ventes de voitures neuves à long terme.

Les constructeurs et les concessionnaires espèrent une résolution rapide de ces problèmes, car l’année 2022 a démarré de manière prometteuse, mais devient rapidement une autre année difficile pour l’industrie automobile.

James Powell

Head of Global Automotive Strategy

Sopra Banking Software