Nous avons étudié le marché des commissions sur la cryptomonnaie dans quatre pays : France, Belgique, Pays-Bas, Royaume-Uni. Ces frais de transaction représentent 3-4 milliards de dollars et atteindront 5 milliards de dollars dans les prochaines années. Les banques traditionnelles sont les acteurs clés pour investir ce marché et récupérer ces frais de transaction. Les banques de détails ont besoin de renouer avec la rentabilité, et, pour cela, une diversification de leur offre est extrêmement importante. D’autant plus que 30% des personnes interrogées sont prêtes à passer par leur banque pour acheter de la crypto.
Alexandre Eich Gozzi – Directeur de l’Innovation chez SBS
Créées par Satoshi Nakamoto en 2009, les cryptomonnaies ont attiré l’attention d’Alexandre en 2012. Il se passionne immédiatement pour ce domaine, lit beaucoup, investit, et crée le département cryptomonnaies chez SBS en 2015. Cela fait maintenant presque 12 ans qu’il évolue dans cet écosystème et, aujourd’hui, il nous partage son expertise.
Convaincu que la volatilité des cryptomonnaies finira par disparaître avec le temps, Alexandre explique pourquoi les banques ont intérêt à se lancer dans une offre crypto.
En tant que directeur de l’innovation, il se consacre également à faciliter l’intégration des banques dans cet écosystème. Pour cela, il a créé une offre crypto-banking, une plateforme de bout en bout qui permet à n’importe quelle banque de proposer une offre crypto à destination de leurs clients particuliers, déployable en six mois.
En fonction de vos aspirations personnelles, vous pourriez être particulièrement intéressés par :
- 00:00 – Intro
- 01:25 – Une passion depuis 2012
- 02:30 – Qu’est-ce qu’une cryptomonnaie ?
- 04:50 – Les banques utilisent-elles les crypto en 2024 ?
- 05:50 – Quelles différences entre les crypto ?
- 07:10 – Les crypto ont-elles un avenir ?
- 09:10 – Quelle régulation en 2024 ?
- 10:59 – La réalité derrière l’impact énergétique des crypto
- 13:19 – Comment intégrer les crypto à une offre bancaire ?
- 17:27 – Que fait SBS pour aider les banques à proposer une offre crypto ?
- 18:55 – Les crypto survivront-elles à l’euro numérique ?
- 21:20 – Les reco d’Alexandre pour suivre l’évolution des crypto
Transcription du podcast
Des Débutants aux Experts : La Démocratisation des Cryptomonnaies+–
Caroline : Fin Trends est une série de podcasts dédiés aux tendances et aux actualités du secteur de la finance. Lancée par SBS, cette série fait intervenir des experts pour parler des sujets brûlants du secteur. Aujourd’hui, je reçois Alexandre Eich Gozzi, directeur de l’innovation chez SBS. Alexandre, bonjour.
Alexandre : Bonjour Caroline.
Caroline : Alexandre, on va discuter ensemble d’un sujet brûlant. Les cryptomonnaies ont-elles un avenir ou est-ce une tendance à bout de souffle ? C’est un sujet qui interroge, et malgré les interrogations, l’attrait pour les cryptomonnaies grandit. C’est d’ailleurs ce que rapporte notre rapport DBX, puisqu’il mentionne qu’un quart des consommateurs ont déjà investi dans les cryptomonnaies. Je précise que cette étude se veut représentative des perceptions des consommateurs en général, puisqu’elle a été réalisée sur un échantillon de 12 500 personnes dans 14 pays différents. Donc, on va revenir sur cette interrogation. Est-ce que les cryptomonnaies ont un avenir ou est-ce que c’est une tendance qui s’essouffle ? Mais avant ça, est-ce qu’on pourrait revenir sur l’origine des cryptomonnaies et expliquer un peu ce que c’est ?
Alexandre : Avant de revenir sur l’origine des cryptomonnaies, ce que je te propose, c’est que je te parle un petit peu de mon parcours. Parce qu’en fait, il est extrêmement lié aussi à cet univers. J’ai découvert les cryptomonnaies en 2012, on va dire assez tôt au final dans leur jeunesse, car les cryptomonnaies ont été créées en 2009 par Satoshi Nakamoto. Et je me suis tout de suite passionné, car j’ai trouvé que c’était une technologie vraiment révolutionnaire. En me passionnant pour ça, j’ai commencé à me documenter, j’ai passé des semaines à lire, à essayer de comprendre ce que c’est.
J’ai eu la chance, par la suite, en 2015, en rejoignant Sopra Steria, de faire ma carrière dans le département blockchain que j’ai créé chez Sopra Steria. J’ai par la suite travaillé dans une startup américaine dédiée aux cryptomonnaies, où j’ai passé un peu plus de deux ans. Cette startup s’appelle Chainalysis, qui est une très grosse boîte, avant de rejoindre SBS pour m’occuper de l’innovation, notamment du sujet de la crypto et des CBDC. Donc en fait, ça fait quasiment maintenant 12 ans que j’évolue dans le système des cryptomonnaies. J’ai eu la chance de découvrir Bitcoin assez tôt, de pouvoir investir, et cela est devenu une véritable passion aujourd’hui. C’est ce que je vais essayer de transmettre aujourd’hui, si j’y arrive.
Et donc, qu’est-ce qu’une cryptomonnaie? Une crypto-monnaie, c’est un actif. Initialement, c’était Bitcoin. Bitcoin a été créé sur Internet, pour Internet, et par des gens qui étaient plutôt contre le milieu bancaire et le milieu de la finance traditionnelle. C’est ce que Satoshi Nakamoto a créé, et il a proposé et poussé cette innovation sur Internet, laissant les gens libres d’y adhérer ou non. Il se trouve que, petit à petit, l’idée a fait son chemin. Les cryptomonnaies, notamment Bitcoin, se sont développées et ont commencé à prendre une part de plus en plus importante dans les échanges financiers.
En 2015, Ethereum a été créé, introduisant la notion de smart contract. Ce qu’il faut véritablement comprendre, c’est que ce sont des actifs numériques, termes que je préfère utiliser plutôt que crypto-monnaie. Parce qu’on pourrait revenir sur la définition de la monnaie, mais ce serait trop long aujourd’hui. Ces cryptoactifs sont émis par un protocole, générés petit à petit dans le temps, et sont distribués aux utilisateurs ou à des acteurs qui contribuent à ce réseau.
Caroline : Ok. Et donc, à quoi ça sert exactement ?
Alexandre : En fait, aujourd’hui, ça peut servir à plusieurs choses. Ça peut servir comme moyen de paiement, comme réserve de valeur. Beaucoup de gens comparent le Bitcoin à l’or. Si tu veux, Ethereum est plus orienté vers des usages un peu plus classiques dans le monde de la finance. Mais en fait, il y a beaucoup de spéculation autour des cryptomonnaies. C’est quelque chose qui a été assez décrié au début, notamment. Le temps que les gens comprennent la manière dont Bitcoin fonctionnait… Ce n’est pas l’objectif du jour, donc je ne vais pas revenir sur exactement comment Bitcoin fonctionne et pourquoi aujourd’hui un Bitcoin vaut 65 000 dollars. Parce que ça, on peut forcément s’interroger sur cette question.
Donc, ça peut servir comme moyen de paiement, pour gérer des actifs digitaux, mais cette fois-ci, on peut parler des NFT. Par exemple, les NFT, c’est un moyen de créer une œuvre numérique qui va être rare, qui ne va pas pouvoir être copiée digitalement, et dont on va pouvoir bénéficier des royalties, ce qu’on va pouvoir échanger. Il y a différents avenirs, notamment dans la propriété, dans la tokenisation d’actifs réels. Tout ça, ça peut être utile.
Mais on a aussi la finance décentralisée qui a émergé dans l’univers des cryptomonnaies. Cette finance décentralisée, c’est une capacité à utiliser les cryptos pour financer des projets externes à l’univers de la crypto ou valoriser des patrimoines directement sur une blockchain.
Caroline : Et donc, ça veut dire que tout un chacun peut utiliser les cryptos? Moi, par exemple, qui est-ce qui utilise les cryptos?
Alexandre : En fait, c’est toute la beauté de la chose. C’est-à-dire qu’au début, c’était assez compliqué. C’est un univers naissant où il fallait vraiment s’intéresser au code, à la manière dont fonctionnait cette technologie pour pouvoir s’en servir. Je ne te parle pas des premiers wallets qui te permettaient de conserver tes cryptos parce que la sécurité, elle était quasiment inexistante. Il y a eu de nombreux vols à l’époque.
Mais aujourd’hui, c’est un milieu qui est extrêmement professionnalisé. Tu vas retrouver notamment des pépites françaises comme Ledger qui ont conçu ce qu’on appelle des hardware wallets. Ce sont des petits portefeuilles qui ressemblent à une petite clé USB. Si tu veux, c’est extrêmement sécurisé, et ça te permet de gérer tes cryptos toi-même. Mais pour toi, par exemple, qui n’a pas envie de t’embêter, tu peux aller sur des plateformes d’échange qui vont te permettre de convertir des euros en crypto-monnaies assez facilement. Et ce que nous espérons, c’est que les premières banques commencent à s’y mettre. On y reviendra par la suite, mais on voit déjà que c’est le cas aujourd’hui en Europe.
Différenciation des Cryptomonnaies : Bitcoin, Ethereum, et Au-Delà+–
Caroline : Ok. Et donc, tu parlais des bitcoins, d’Ethereum, qui sont différents types de cryptos. Il y en a d’autres comme Chainlink, Tether. Je ne sais pas si je prononce bien. Mais est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi il y en a plusieurs et, en fait, quelles sont les différences entre elles?
Alexandre : Oui. Donc, la première, c’était Bitcoin. On en a parlé. C’est vraiment un actif, une sorte de réserve de valeur dans cet écosystème. C’est la première crypto-monnaie par capitalisation, la plus grosse, celle qui a le plus d’adoption. Mais en deuxième vient Ethereum qui propose une offre de valeur extrêmement différente. On n’est pas forcément sur une réserve de valeur, même si l’Ether se valorise dans le temps. On est plus sur un usage, disons, un peu plus du monde réel.
Ils ont introduit avec Ether ce qu’on appelle les smart contracts. Ce sont des sortes de contrats auto-exécutoires où tu peux paramétrer et programmer ta blockchain pour des usages beaucoup plus complexes que le simple paiement ou la simple réserve de valeur. Aujourd’hui, si tu veux, sur Ethereum, on a des usages et des environnements qui vont de la porte d’entrée jusqu’à des plateformes pour des véhicules autonomes. Les applications sont extrêmement nombreuses. Je ne te dis pas que tous ces usages sont bons, car certains ne fonctionneront probablement pas. Mais ça permet d’ajouter du code, d’incorporer des règles métiers sur ces technologies.
En ce qui concerne d’autres cryptos comme Chainlink et Tether, ils ont chacun leurs spécificités. Par exemple, Chainlink est un réseau qui fournit des oracles, ce qui signifie qu’il aide les smart contracts à accéder à des données externes fiables, comme les prix des actifs en temps réel. Tether, de son côté, est un stablecoin, ce qui signifie que sa valeur est généralement indexée sur une monnaie traditionnelle, comme le dollar américain. Cela permet d’avoir une crypto-monnaie avec une valeur plus stable, ce qui est utile pour les transactions et comme refuge contre la volatilité des autres cryptos.
Cryptomonnaies et Volatilité : Explications et Prévisions+–
Caroline : On entend partout dire que la cryptomonnaie chute, que la crypto-monnaie est volatile, que ça n’a pas d’avenir. Et je me demandais à quoi c’était dû et surtout, qu’est-ce que toi t’en penses étant donné que tu as 12 ans d’expérience dans le secteur ?
Alexandre : Oui, alors la crypto a toujours été volatile de par sa nature. C’est-à-dire que même quand le Bitcoin valait 1 euro ou 50 centimes, il y avait déjà des éléments de volatilité extrêmement forts, et encore plus à ses débuts. La volatilité est commune dans les marchés naissants et croissants. Quand un marché atteint une certaine maturité, la volatilité tend à diminuer. C’est ce qu’on observe sur les marchés financiers traditionnels où il y a un énorme pool de liquidités et un nombre considérable d’investisseurs, ce qui stabilise les variations, bien que cela fluctue en fonction de la conjoncture et des informations financières.
Dans le cas du Bitcoin, on est encore sur un petit écosystème qui, aujourd’hui, pèse peut-être environ 1 000 milliards d’euros. Ça peut paraître colossal, mais dans le monde de la finance traditionnelle, c’est une goutte d’eau. Cette volatilité finira par se réduire avec le temps. De plus en plus de produits structurés, comme les ETF (Exchange Traded Funds), sont créés autour des cryptos. Ces ETF, qui permettent d’investir via la bourse traditionnelle dans les cryptomonnaies, ont été lancés en début d’année et ont déjà capté près de 20 milliards de dollars en six mois. Tous ces éléments vont progressivement réduire la volatilité du Bitcoin, notamment avec l’entrée croissante des investisseurs institutionnels. Ce ne sera plus uniquement des particuliers qui investiront.
Il y a aussi une logique d’adoption à prendre en compte. Les cryptomonnaies fonctionnent un peu comme les réseaux sociaux. Bitcoin et les cryptomonnaies ne peuvent fonctionner que s’il y a une adoption massive d’utilisateurs. Aujourd’hui, on compte environ 500 millions d’utilisateurs de cryptomonnaies dans le monde. C’est à la fois beaucoup, mais il reste encore énormément de marge de manœuvre pour l’avenir.
La Régulation des Cryptos : Ce Que Vous Devez Savoir+–
Caroline : Et aujourd’hui, où en est-ce qu’on en est en termes d’enjeux, de régulation ? Est-ce que tu peux nous parler de ça ?
Alexandre : Oui, bien sûr. La régulation a été un enjeu majeur pour l’écosystème crypto pendant des années. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, les acteurs cryptos ne cherchent pas à éviter la régulation. Il y a cette perception que le monde de la crypto est un peu « shady », associé à des activités illégales comme la drogue, les armes, ou les arnaques en ligne. Il y a une part de vérité là-dedans, et d’ailleurs, l’entreprise pour laquelle je travaillais précédemment était spécialisée dans l’identification de fonds illicites. Cependant, 99,7 % des transactions en crypto sont totalement légales.
La régulation est venue petit à petit, à la fois à la demande des gouvernements et de l’écosystème crypto, qui souhaite être régulé pour pouvoir se financer et se développer. En Europe, nous avons la régulation MICA, « Markets in Crypto Assets », qui est la nouvelle régulation européenne. Elle a commencé fin juin 2024 et sera pleinement en vigueur fin 2024 ou début 2025. MICA encadre les activités liées aux crypto-monnaies.
Aujourd’hui, si tu es une entreprise qui veut proposer un service autour des crypto-monnaies, tu dois être régulé. Avant MICA, il y avait le PSAN (Prestataire de Services sur Actifs Numériques) en France, un enregistrement auprès de l’AMF qui permettait d’exercer des activités liées aux cryptos en France et en Europe. MICA va harmoniser ces régulations à l’échelle européenne, ce qui permettra à toute entreprise régulée dans un pays de servir l’ensemble du marché européen. Pour nous, les utilisateurs, cela va apporter beaucoup plus de sécurité dans les échanges et les interactions avec les plateformes, qui sont nos prestataires de services.
Impact Environnemental des Cryptomonnaies : Réalités et Perspectives+–
Caroline : Ok. Donc, je comprends qu’il y a un certain avenir pour les cryptos, puisque tu dis que de nouvelles régulations sont mises en place, demandées par les gouvernements, et que de plus en plus d’institutions se mettent à investir dans les cryptomonnaies. Mais l’avenir, c’est aussi l’impact énergétique. Il y a un véritable débat aujourd’hui sur l’impact environnemental des cryptomonnaies. Quelle est la réalité derrière ça ?
Alexandre : Les cryptos ont en effet été fortement critiquées pour leur impact énergétique, surtout le Bitcoin. Comme Bitcoin a été la première cryptomonnaie créée, il ne pouvait pas être distribué à des millions de personnes dès le départ. Ils ont donc inventé un système, le Proof of Work, pour sécuriser ce réseau émergent. Ce système nécessite des machines qui calculent des algorithmes complexes, ce qui consomme beaucoup d’électricité.
En grandissant, Bitcoin a consommé de plus en plus d’électricité parce qu’il fallait plus de mineurs pour sécuriser le réseau. Aujourd’hui, en 2024, environ la moitié de l’énergie utilisée par le réseau Bitcoin provient de sources renouvelables, selon plusieurs études scientifiques. Bien sûr, cela signifie qu’il reste 50 % d’énergie dont la provenance est incertaine, mais cela s’améliore. En deux à trois ans, on est passé de zéro à presque 50 % d’énergie renouvelable.
Il y a une volonté parmi les acteurs du Bitcoin et du minage de proposer une alternative plus écologique à un système actuellement gourmand en ressources. En parallèle, cela contribue aussi à financer la transition écologique. Comme tu le sais, la consommation d’électricité est forte en journée, mais la nuit, elle baisse, ce qui crée un surplus d’énergie non consommée. Les cryptomonnaies peuvent utiliser cette énergie excédentaire pour générer des revenus, ce qui rend les énergies renouvelables plus attractives et permet de mieux les valoriser et de les développer.
L’Intégration des Cryptomonnaies dans l’Offre Bancaire : Opportunités et Défis+–
Caroline : Les attentes des clients sont tournées vers la diversification de leur portefeuille. Et en ce sens, l’attrait pour les cryptos grandit. D’ailleurs, notre DBX, notre rapport Digital Banking Experience, explique qu’environ un tiers des personnes interrogées ont confiance en leurs banques et aimeraient que leurs banques leur donnent davantage d’informations sur les cryptomonnaies et qu’elles jouent un rôle d’intermédiaire pour investir dans les cryptos. Comment est-ce que les banques peuvent adresser ce sujet et l’intégrer à leur offre ?
Alexandre : Les banques ont tout intérêt à développer des offres autour des cryptomonnaies. Le secteur bancaire de détail est très saturé, avec la concurrence de banques en ligne comme Revolut et N26, qui gagnent des parts de marché, notamment auprès des jeunes. Pour se différencier, les banques doivent explorer de nouveaux horizons, et les cryptomonnaies offrent une opportunité intéressante.
Certaines banques européennes ont déjà commencé à proposer des offres crypto, comme Revolut, qui a connu une croissance énorme grâce à cela. Les banques traditionnelles, en revanche, sont un peu en retard. Cependant, la réglementation, notamment avec l’arrivée de MICA en Europe, devrait les aider à évoluer. En France, par exemple, environ 7 millions de personnes détiennent des cryptomonnaies, ce qui pourrait pousser les banques à s’intéresser davantage à ce marché.
Les jeunes, âgés de 18 à 40 ans, sont souvent les premiers à investir dans les cryptomonnaies. Cet argent quitte les banques traditionnelles pour aller vers des plateformes étrangères ou parfois dans des paradis fiscaux. Les banques ont donc tout intérêt à retenir ces clients en offrant des services crypto, car cela leur permettrait de toucher des commissions sur les transactions. Aujourd’hui, dans des pays comme la France, la Belgique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, ces commissions représentent environ 3 milliards de dollars, et ce chiffre devrait atteindre 5 milliards dans les prochaines années.
En diversifiant leur offre, les banques pourraient renouer avec la rentabilité. D’autant plus que, comme tu l’as mentionné, près de 30 % des personnes interrogées dans l’étude sont prêtes à acheter des cryptomonnaies via leurs banques. Cela montre qu’il y a une demande réelle.
Sur un autre plan, la sécurité est un autre facteur important. Il y a eu de nombreuses crises dans l’écosystème crypto, comme la faillite de FTX, qui a fait disparaître des fonds. Dans un environnement bancaire régulé, comme celui qui sera créé par MICA en Europe, ce type de situation ne peut pas arriver. Les banques rassurent les clients sur leur capacité à sécuriser leurs fonds, ce qui pourrait inciter plus de gens à ouvrir des comptes dans les premières banques qui proposeront des services crypto.
Aujourd’hui, sur le marché français, environ 10-11 % des personnes détiennent des cryptomonnaies, contre plus de 20 % aux États-Unis. Cela montre que le marché a un potentiel de croissance énorme. D’ailleurs, aux États-Unis, cela devient même un enjeu politique, avec des figures comme Trump et Biden prenant position sur la question des cryptomonnaies. Ce sont donc des enjeux à la fois financiers et politiques qui évoluent rapidement.
Caroline : Et alors, qu’est-ce que fait SBS, en ce sens, pour aider les banques ?
Alexandre : Nous sommes éditeurs de core banking et de solutions pour ces acteurs. Face au besoin croissant et aux difficultés rencontrées par les banques pour se lancer dans les cryptomonnaies, nous avons décidé de créer une offre que l’on appelle “crypto banking.” Nous avons constaté, à travers nos études et les premiers lancements dans cet univers, qu’il y avait un manque de connaissances et des obstacles importants pour les banques souhaitant proposer des services de crypto au grand public. Aujourd’hui, lancer un tel programme peut prendre deux à trois ans, entre convaincre la direction, développer le projet, et rassembler les ressources techniques nécessaires. C’est un processus extrêmement long.
Notre objectif est de simplifier ce processus en permettant aux banques de déployer une offre de crypto banking en seulement six mois. Pour y parvenir, nous avons choisi les meilleurs partenaires et orchestré leurs efforts, tout en créant une logique métier qui permet, comme pour la tenue de compte classique, de gérer des comptes crypto, d’acheter et de vendre des cryptomonnaies, tout en respectant les régulations en vigueur. Une partie compliance est également intégrée pour assurer la conformité. En somme, c’est une plateforme complète qui permet à n’importe quelle banque de proposer une offre crypto à ses clients.
Caroline : Et toi, ton rôle exactement dans tout ça, c’est quoi ?
Alexandre : Oui, je pilote ce projet aujourd’hui.
Cryptomonnaies et Digital Euro : Comment Vont-ils Coexister ?+–
Caroline : Et en parallèle, on sait que la Banque Centrale Européenne a lancé son Digital Euro. Comment est-ce que les crypto-monnaies vont survivre à l’arrivée de cette monnaie digitale européenne qui est vouée en fait à remplacer tous les moyens de paiement ?
Alexandre : Alors, l’euro digital, c’est une innovation majeure que la BCE travaille depuis des années. L’idée est de créer un euro numérique qui puisse remplacer le cash. Aujourd’hui, le cash est la seule forme de monnaie garantie par la Banque Centrale Européenne, contrairement à ce que tu as sur ton compte bancaire, qui est de la monnaie de banque commerciale. L’euro digital vise à offrir un nouveau moyen de paiement, garanti par la BCE, utilisable gratuitement dans toute l’Europe, en ligne et hors ligne (même sans réseau).
Sur certains aspects, ça peut sembler concurrencer les crypto-monnaies, car l’euro digital sera une devise à cours légal, acceptée partout en Europe, avec une très faible volatilité, similaire à l’euro actuel. En revanche, les crypto-monnaies sont aujourd’hui davantage perçues comme des investissements plutôt que des moyens de paiement pour des achats courants comme une baguette de pain ou un café.
Je pense que ces deux écosystèmes, l’euro digital et les crypto-monnaies, vont cohabiter plutôt que se concurrencer directement. L’euro digital pourrait même favoriser une plus grande adoption des cryptos, car il permettra une plus grande fluidité des transactions numériques. Au final, l’euro digital est une excellente initiative de la BCE, que je soutiens pleinement, même si certaines banques sont encore hésitantes. C’est une très belle innovation.
Les Meilleures Sources pour Suivre les Cryptomonnaies+–
Caroline : Très bien. Merci Alexandre pour conclure ce podcast. Une dernière question. Quels sont vos objectifs ? Quelles sont les sources fiables que je peux consulter pour suivre l’évolution des cryptos ?
Alexandre : Alors, il y a de nombreuses sources fiables, tant en France qu’à l’international. Personnellement, je te recommande CoinDesk, qui est l’un des plus grands journaux dans l’écosystème crypto. Ils ont une équipe très sérieuse et publient des articles de qualité. C’est la source que j’utilise le plus souvent en référence. Mais il existe aussi beaucoup d’autres sources fiables, notamment en France.
Caroline : Merci beaucoup pour ton temps et d’avoir été avec nous.
Alexandre : Merci à toi.